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Femme Actuelle : "Bigorexie, quand le sport devient une obsession"

bigorexie quand le sport devient une obsession
Actualité des addictions

Femme Actuelle : "Bigorexie, quand le sport devient une obsession"

La tendance des salles de sport, des défis sportifs et des applications pour se dépasser, incitent parfois aux excès… Zoom sur la bigorexie, ou l’addiction au sport. Un article réalisé avec la complicité de notre membre du comité scientifique Aude-Sophie Cagnet, psychologue, addictologue et hypnotérapeute et publié sur le site Femme Actuelle.
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Dans notre société du « toujours plus », tout est prétexte à des excès. Même le sport, qui est pourtant vivement recommandé pour rester en bonne santé, peut être un support de l’addiction, comme pourrait l’être l’alcool, le jeu, ou le sexe.
« Aujourd’hui, nous consommons le sport comme nous consommons de la nourriture. », explique Aude-Sophie Cagnet, addictologue et psychologue. Spécialiste du sport, elle nous explique à partir de quand peut-on considérer que notre dépendance à l’activité physique est excessive.
Suis-je bigorexique ?
Il n’y a pas de profil type, cette addiction se décèle au cas par cas. Mais à partir du moment où ce n’est pas votre métier, mais que vous faites plus de 10 heures de sport par semaine, et que vous ressentez le besoin de pratiquer une activité physique au moins une fois par jour, vous êtes probablement déjà dépendant.
Certains sports, comme les sports d’endurance sont particulièrement addictogènes. Au niveau cérébral, ces séances fabriquent des endorphines, ce qui procure un plaisir immédiat. La course à pied, la natation, le vélo, les appareils en salle de sport, font parties de ces pratiques addictogènes.
L’idée d’une personne addict au sport, est souvent de se dépenser un maximum en un minimum de temps, il y a la plupart du temps une volonté de perdre du poids. Ces personnes là font également attention à leur hygiène de vie, à leur manière de se nourrir, l’aspect hygiéno-diététique est souvent lié.
Tomber dans l’engrenage de l’addiction au sport s’accompagne généralement d’une modification du rythme de vie (au niveau de l’alimentation, on s’inscrit à des compétitions le week-end, on donne une importance toute particulière à son sommeil…)
Etre dépendant au sport c’est aussi avoir un sentiment d’appartenance à un groupe, dans ce groupe, on a tous le même rapport au plaisir. Lorsqu’une personne pratique seule, elle va avoir tendance à s’isoler : il faut préparer une compétition, les nombreux entraînements que l’on s’impose, parfois au détriment d’une vie sociale épanouie…
Beaucoup de ces personnes font du sport à outrance, mais ils n’aiment pas ça en réalité, c’est comme si ils étaient pris dans le tourbillon, sans vraiment savoir comment ils ont pu commencer. Le corps change, le regard que l’on porte sur soi aussi, et on se complait là dedans.
Pour savoir si quelqu’un est dépendant, proposez-lui par exemple « un temps d’abstinence » : est-ce que la personne est capable de ne pas pratiquer pendant X temps une activité physique, comment le vit-elle, est ce que l’envie irrépressible de faire du sport est là ?
Pourquoi devient-on addict au sport ?
Homme et femme peuvent être touchés, parfois différemment. Les hommes par exemple, sont plus en clin à une personnalité obsessionnelle, alors que les femmes vont plus être dans une démarche de recherche de perfection, de séduction. Tout dépend du profil, de l’environnement, du style « addictif » de chacun.
L’activité physique sert à évacuer, parfois même donne l’impression d’aider à gérer ses émotions, mais on pense à tort parfois qu’il suffit de ne pas les exprimer pour les gérer… Mais l’effet inverse se produit, et on enfoui derrière cette obsession des choses non réglées. En effet, le sport à outrance est parfois un moyen de contre-investissement, une échappatoire, un moyen de fuir d’autres problèmes comme un manque de confiance en soi.
Certains se cherchait et vont avoir l’illusion d’avoir trouvé leur identité à travers le sport, ils ont désormais une « identité de sportif ».
Il peut aussi y avoir un transfère d’addiction : quelqu’un qui est dépendant au tabac, à l’alcool ou à une drogue, va remplacer ça par une « addiction positive », qui finalement, pourra devenir à son tour une réelle dépendance, dangereuse pour la santé.

C’est possible de s’en sortir ?

Pour déceler une pratique à risque, plusieurs choses peuvent alerter : une perte de poids, un corps qui change, des troubles de l’humeur, un déni lorsque l’on évoque cette addiction…
Une prise en charge psychiatrique peut être parfois nécessaire, mais bien souvent c’est une blessure qui amène le bigorexique à consulter un médecin, puisqu’il n’a même pas conscience de ses excès. C’est là que le spécialiste va pouvoir déceler si oui ou non il y a des risques dans la manière dont il pratique une activité physique. Souvent, ces personnes vont expliquer qu’en compétition ils n’arrivent pas à obtenir les résultats qu’ils veulent…
Comme cette addiction est souvent liée à autre chose, le travail du médecin va consister à chercher à comprendre comment il en est arrivé à tomber là dedans.
Il déconseillera toujours l’abstinence totale, le but est de renouer avec le plaisir, d’arrêter d’avoir une mono concentration sur une activité. Le but est d’aider le patient à retrouver et à développer ses cinq sens, à renouer avec un corps qu’il désire, libidinal, et non pas performant.
L‘hypnose peut être une solution, souvent les bigorexiques ont un grand besoin de maitrise (le coureur qui contrôle son rythme cardiaque par exemple, la personne qui veut modifier son apparence physique et qui a le sentiment de maitriser la moindre petite prise de poids) pour ne pas se laisser déborder par l’émotion.
L’hypnose aide à se faire confiance, à lâcher prise, elle peut aider à avoir un déclic, à détecter les multiples problématiques du patient, qui n’ont jamais été traitées. Des techniques comportementales et cognitives peuvent également être mises en place.
Merci à Aude-Sophie Cagnet, membre de SOS Addiction, psychologue, addictologue et hypnotérapeute.

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