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Stups, un trafic d'Etat : le point sur les révélations de «Libération»

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Stups, un trafic d'Etat : le point sur les révélations de «Libération»

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Selon une enquête de «Libération», François Thierry, l’ancien patron de la lutte antidrogue, a facilité l’importation en France de plusieurs dizaines de tonnes de cannabis. Un article proposé par Liberation.fr

Libération révèle dans son édition de lundi le rôle central de François Thierry, ancien numéro 1 de la lutte antidrogue, dans l’importation en France de plusieurs dizaines de tonnes de cannabis en lien avec un des plus gros trafiquants européens. Un système d’une ampleur inédite qui s’apparente à un trafic d’Etat.

Qui est François Thierry, l’homme soupçonné d’être au cœur d’un trafic de drogue ? 

Passé par le Service interministériel d’assistance technique (SIAT), chargé notamment de la gestion des «zombies», ces agents infiltrés dont seule une poignée de pontes connaissent l’existence, François Thierry devient le visage de la lutte antidrogue en 2010. Il prend alors la tête de l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis) et prend l’habitude de poser devant de belles saisies, aux côtés de plusieurs ministres de l’Intérieur successifs : Claude Guéant, puis Manuel Valls et Bernard Cazeneuve.

De quoi est-il soupçonné ? 

D’avoir laissé entrer en France plusieurs dizaines de tonnes de cannabis au cours des dernières années, avec la complicité d’un des plus gros trafiquants européens, recruté par ses soins. Un système bien rodé qui a déraillé le 17 octobre à Paris, lors d’une saisie de cannabis par les douanes. Celle-ci permet en effet de remonter jusqu’à un certain Sofiane H., l’un des plus gros importateurs de cannabis en France mais aussi indic de l’Octris. Arrêté en 2009 en Espagne et condamné à treize ans de prison en 2011, il est recruté par François Thierry lui-même et est finalement libéré après trois ans seulement de détention. Dès lors, il va commencer à importer chaque mois des tonnes de cannabis en«livraison surveillée», une technique d’enquête qui permet de laisser passer de la drogue pour démanteler des réseaux de revendeurs à l’arrivée. Ainsi, sous la protection de François Thierry, il a pu poursuivre ses activités sans jamais être inquiété.

Qui est le témoin interrogé par Libération ?

Stéphane V., avec lequel Libération a pu s’entretenir, se présente comme un «infiltré», même s’il n’est pas lui même policier. Informateur au Bureau central des sources en 2007, il rencontre François Thierry qui dirige alors le Service d’information et d’assistance technique et devient son agent traitant. De nombreux documents officiels prouvent qu’il a travaillé en sous-main pour l’Etat français, mais aussi pour le Département américain de la justice et la Drug Enforcement Administration (DEA). Dans le cadre de l’affaire François Thierry, il a été longuement entendu par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices.

Qu’a-t-il raconté ?

Lors de ses entretiens avec Libération, il a raconté avoir, à la demande de François Thierry, gardé une villa à Estepona, au sud de Marbella, sur la costa del Sol, entre mars et avril 2012. «Pendant vingt jours, cinq hommes se sont relayés pour charger et décharger des paquets de drogue sur la plage. François Thierry me les a présentés comme des policiers français. J’en avais déjà vu certains à l’OCRTIS», raconte le témoin. Au cours de ce séjour, il dit avoir vu transiter 19 tonnes de cannabis, en provenance du Maroc. La drogue remontait ensuite vers la France par «go-fast». Seule une partie des voitures était interceptée, permettant aux autres d’inonder le marché.
Selon lui, il s’agit d’un trafic organisé «au plus haut niveau, au motif de démanteler des réseaux». S’il affirme ignorer qui était au courant de ces méthodes, il estime qu’il y a eu «soit des complicités, soit une absence totale de contrôle».
 

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