Des pharmaciens décident de pointer les risques invisibles de la consommation d’alcool
29 octobre 2014 2014-10-29 13:47Des pharmaciens décident de pointer les risques invisibles de la consommation d’alcool

Des pharmaciens décident de pointer les risques invisibles de la consommation d’alcool
Communiqué de presse. Le jeudi 25 septembre deux associations de pharmaciens, CVAO (Comité pour la valorisation de l’acte officinale) et Pharm’addict, et les experts de SOS addictions, ont invité le grand public, grâce au soutien de la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives), à connaître les risques de la consommation d’alcool.
Philippe Batel, médecin addictologue, est catégorique : une consommation excessive d’alcool est plus dangereuse que la consommation d’autres agents psychoactifs. D’autant plus, qu’il est particulièrement difficile d’imaginer que l’on consomme trop d’alcool. Selon les études de comportement, un consommateur d’alcool situe toujours l’excès au-dessus de sa propre consommation.
L’impact sanitaire d’une consommation excessive d’alcool est bien plus qu’alarmant. L’alcool tue directement 49 000 personnes par an. Il majore par exemple le risque de survenu d’un cancer du sein entre une femme qui ne boit pas et une qui consomme deux verres de vin par jour*.
Par contre, la bonne nouvelle est qu’une diminution de la consommation d’alcool favorise la normalisation de la pression artérielle. Dans bon nombre de cas d’hypertensions artérielles dîtes idiopathiques, c’est-à-dire sans raison cliniquement observable, la diminution de la consommation d’alcool permet de faire baisser très significativement la pression artérielle.
Selon Philippe Batel, ce qui est dramatique, ce n’est pas la consommation d’alcool en elle-même, si elle reste dans les quantités définies par les recommandations. Mais l’impression d’un trop grand nombre de personnes de ne pas courir de risques, considérant sans l’avoir estimé que leur consommation n’est pas dangereuse.
Ce qui est vrai pour la majorité des personnes l’est encore plus pour les femmes enceintes ou souhaitant le devenir. Le risque pour le fœtus d’une consommation d’alcool pendant la grossesse voire même au moment de la conception est potentiellement dramatique. Le QI de l’enfant à naître sera inversement proportionnel à la consommation d’alcool de sa mère.
Les organisateurs du colloque « reconsidérons notre consommation d’alcool » souhaitent aller plus loin que la simple dénonciation de ce véritable déni social. Il a été proposé et testé deux protocoles destinés aux pharmaciens d’officine pour sensibiliser efficacement et utilement leurs clients et patients au risque d’une consommation excessive d’alcool e en leur donnant le moyen d’estimer la quantité d’alcool qu’ils boivent quotidiennement et/ou ce qui est de plus en plus fréquent lors du week-end, ou plus occasionnellement lors d’un évènement festif.
Pour améliorer l’impact de ces messages auprès de leur client ou patient, il apparaît aujourd’hui qu’il est plus utile de concentrer son intervention sur une phrase courte démontrant son intérêt pour la santé de son client ou patient. C’est à la recherche des bons mots et de la construction la plus efficace de cette « intervention brève » qu’a été consacré une partie du colloque destiné aux acteurs de soins qui a succédé à celui organisé pour le grand public.
CVAO et Pharm’addict ont donc décidé d’aider leurs confrères à ce que la consommation d’alcool ne soit pas un tabou et qu’elle soit abordée systématiquement lors de toute dispensation et plus particulièrement lors de la vente d’un test de grossesse ou d’ovulation.
À la suite du colloque, les deux associations de pharmaciens cherchent à m’être en œuvre à l’officine une opération lors de toute vente de test de grossesse ou d’ovulation : Grossesse et alcool un ménage à risque, afin de démontrer le rôle essentiel d’acteur de soin de proximité du pharmacien et de son équipe.
* verre d’alcool standard c’est-à-dire 10 cl de vin ou de champagne, 25 cl de bière, 3 cl de whisky ou de pastis
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SOS ADDICTIONS
« SOS addictions est une association dont le but est de mobiliser l’opinion publique et d’informer les acteurs de la société civile, les médias et les responsables politiques sur toutes formes d’addiction : alcool, drogues, médicaments, jeux, sexe… Il nous semble dès lors que nous répondons complètement à notre but en nous associant à toute opération dédiée à la consommation d’alcool et à ses risques. En mettant nos experts à la disposition du public et des acteurs de santé afin d’éviter de laisser croire que seules les personnes en dépendance vis-à-vis de l’alcool courent un risque pour leur santé. »
William Lowenstien Président de SOS addictions et addictologue
Pharm’addict
« Pharm’addict a pris le parti de former et d’informer les pharmaciens sur les conduites à risque et les moyens de les limiter. La consommation d’alcool peut devenir rapidement une conduite à risque pour des consommations ressenties comme non excessives, car habituelles. Le pharmacien a un rôle bien spécifique de sensibilisation à ce risque pour la santé. »
Stéphane Robinet Président de Pharm’addict et pharmacien
CVAO
« Le Cvao cherche à promouvoir un acte officinal utile et au bénéfice des patients. Aborder la consommation d’alcool avec un client-patient, demande une préparation des esprits et des protocoles de pratiques validées à mettre en oeuvre afin que chaque pharmacien puisse utilement sensibiliser ou alerter chaque client-patient sur sa consommation d’alcool. »
Jean Michel Mrozovski Président du CVAO (Comité pour la Valorisation de l’Acte Officinal) pharmacien et rédacteur en chef de deux revues professionnelles
MILDECA
Créée en 1982, la mission permanente de lutte contre la toxicomanie, devenue la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), répond à la nécessité de coordonner une politique publique par nature interministérielle. En effet, la politique publique de lutte contre les drogues et les conduites addictives couvre les domaines suivants :
- recherche et observation ;
- prévention ;
- santé et insertion ;
- application de la loi ;
- lutte contre les trafics ;
- coopération internationale.