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E-Cigarette : continuer à s’y opposer devient politiquement de plus en plus risqué

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Journalisme et Santé Publique

E-Cigarette : continuer à s’y opposer devient politiquement de plus en plus risqué

C’est une publication dans Addiction (l’abstract est ici). Aucun conflit d’intérêt. Et les auteurs sont tout sauf des excités. L’affaire est détaillée sur la BBC (voir ici). Signataires : cinq spécialistes  réputés dans ce domaine (1). Ils expliquent avoir  procédé à un examen scientifique de près d’une centaine d’études consacrées à l’utilisation, au contenu, et la sécurité des e-cigarettes.
Et bien que les effets à long terme de son utilisation ne puissent (par définition) être totalement connus ces auteurs estiment (pour le sire simplement) qu’il n’y a pas photo quant à leur nocivité par rapport aux cigarettes de tabac.
Renoncer au tabac
Ces cinq experts invalident notamment l’argument selon lequel la e-cigarette constituerait, chez les plus jeunes, une voie d’initiation conduisant à la consommation de tabac. D’autre part de multiples  données convergent pour dire que le fait, pour un fumeur, le fait de passer à l’e-cigarette peut l’aider à renoncer au tabac ou à en réduire sa consommation. C’est là un assez beau résultat.
Pour les auteurs de la publication d’Addiction il existe certes encore des lacunes dans les connaissances, lacunes qui nécessitent davantage de recherche. Pour autant les données actuelles sur les e-cigarettes ne justifie pas que ces dernières fassent l’objet de réglementations plus contraignantes (ou même identiques) que les cigarettes classiques.
peter_hajek_3Bénéfices de santé publique
Selon ces auteurs (et qui les contredirait ?) les décisions réglementaires fournissent le plus grand bénéfice en matière de santé publique quand elles sont proportionnelles, fondées sur des preuves, et qu’elles intègrent une évaluation rationnelle des risques et des avantages probables.
Pour le Pr Peter Hajek, premier signataire,  il est clair désormais que les cigarettes électroniques doivent être autorisées à être en concurrence commerciale avec  les cigarettes classiques. Et que les professionnels de la santé peuvent conseiller les fumeurs qui ne veulent pas cesser d’utiliser la nicotine à passer à l’e-cigarette. « Les fumeurs qui n’ont pas réussi à arrêter avec les traitements actuels peuvent également bénéficier du passage aux e-cigarettes » ajoute ce spécialiste renommé.
Un monde rationnel
Cette publication devrait (dans un monde rationnel) constituer un tournant pour les politiques, être décryptée dans les cabinets des ministre de la Santé(2). Et permettre  d’en finir avec les atermoiements des autorités sanitaires qui hésitent à voir la réalité en face. Au point qu’on en viendrait presque à imaginer on ne sait quel conflit d’intérêt avec le monde malsain de l’industrie du tabac.
En finir avec les atermoiements ne signifiant en rien un total laisser-aller en matière de surveillance sanitaire. Bien au contraire.  Mais il y a désormais suffisamment d’éléments chiffrés et objectifs pour penser que continuer (par divers moyens) à contrecarrer leur usage et leur diffusion constitue désormais une politique nocive. Pour ne pas dire coupable en ce qu’elle laisse les esclaves du tabac privé d’une opportunité salutaire. On peut le dire autrement : ceux qui, parmi les autorités sanitaires, s’y opposent devront bientôt rendre des comptes. A commencer par l’Organisation Mondiale de la Santé.
Atermoiements onusiens
« Tant qu’aucun dispositif électronique de délivrance de nicotine n’est considéré comme sûr et de qualité acceptable par les organismes nationaux de réglementation compétents, l’utilisation de ces produits y compris de la cigarette électronique, est vivement déconseillée »  estime l’OMS.
En mai dernier plusieurs spécialistes de santé publique de réputation internationale s’étaient directement adressés par courrier au Dr Margaret Chan, directrice générale de l’OMS pour la mettre devant ses responsabilités (Voir ici). Une initiative pour l’heure sans succès. Mais l’heure tourne.
 (1) Il s’agit de Peter Hajek et Hayden McRobbie (Centre for Tobacco and Alcohol Studies, Wolfson Institute of Preventive Medicine, Queen Mary University of London, London),  de Jean-François Etter, (Institute of Social and Preventive Medicine, Faculty of Medicine, University of Geneva, Geneva), deNeal Benowitz (Division of Clinical Pharmacology and Experimental Therapeutics, Departments of Medicine and Bioengineering & Therapeutic Sciences, School of Medicine, University of California, San Francisco) et de  Thomas Eissenberg (Center for the Study of Tobacco Products, Department of Psychology, Virginia Commonwealth University, Richmond).
(2) Toujours aucune nouvelle, en France, du « Plan national de réduction du tabagisme » annoncé par le président de la République le 4 février 2014 et qui devait être connu avant l’été.

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