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Alimentation régulée comme le tabac ? l'avis de SOS Addictions

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Actualité de l'association

Alimentation régulée comme le tabac ? l'avis de SOS Addictions

Le Dr Pascale Modaï réagit à un article à un article sur les addictions alimentaires publié sur le site pourquoidocteur.fr
Le concept récent d’addictions alimentaires soulève  évidemment de  vrais débats de santé publique. Comme il n’y aurait pas de toxicomanes s’il n’y avait pas de drogue, de tabac ou d’alcool,  on peut dire qu’il n’y aurait  pas d’obèses s’il n’y avait pas de produits à forte densité calorique. Mais la lutte actuelle contre l’obésité qui se limite surtout à désigner des boucs-émissaires n’a pour l’instant pas montré de résultats convaincants. En France, depuis février 2007, des messages sanitaires accompagnent les publicités pour l’alimentation.  Ce n’est pas exactement le « fumer tue » des paquets de cigarettes, cela se rapproche plus du « A consommer avec modération » des boissons alcoolisées. Ce que l’on constate en discutant avec les patients c’est que cela augmente encore la culpabilité et la stigmatisation que ressentent les sujets en surpoids. Car il est difficile de manger uniquement du poisson, de la viande maigre et des légumes vapeur !
Voici l’article en question :

L’alimentation devrait être régulée comme le tabac

Un régime alimentaire déséquilibré tue autant que la cigarette… et devrait être réglementé sur le même modèle. Deux organismes appellent à une action mondiale vers des lois plus strictes.
Réglementer l’alimentation comme le tabac. C’est ce que suggèrent ce 19 mai les organismes Consumers International et la World Obesity Federation. A l’occasion de l’assemblée de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les deux groupes appellent de leurs vœux une action internationale pour durcir les législations en matière de nutrition et publient une ébauche de Convention cadre.
Des gouvernements inertes
L’alimentation déséquilibrée tue autant que le tabac, estime la World Obesity Federation dans un communiqué. « Dans son échelle, l’impact d’une alimentation mal équilibrée sur la santé des consommateurs est comparable à l’impact de la cigarette », affirme Amanda Long, Directrice générale de Consumers International. « L’industrie de l’alimentation et des boissons traîne des pieds, et les gouvernements se sont montrés incapables d’agir, ou ne l’ont pas souhaité. »
En 2010, ce sont plus de 3 millions de personnes qui sont mortes des conséquences de leur obésité. Pourtant, aucune action gouvernementale en faveur d’une meilleure alimentation ne se détache réellement. « Si l’obésité était une maladie infectieuse, des milliards de dollars seraient investis pour la contrôler », accuse le Dr Tim Lobstein, Directeur des politiques à la World Obesity Federation. « Les gouvernements doivent adopter une action collective. » C’est pourquoi, en partenariat avec Consumers International, la Fédération publie une série de « Recommandations en faveur d’une Convention mondiale pour la protection et la promotion d’une alimentation saine. » Cette série de mesures se veut comme un guide protégeant les consommateurs.
Protéger les enfants
Les deux organismes demandent notamment la mise en place de contrôles plus sévères de la publicité et de la promotion d’aliments. Les décideurs politiques devraient mieux promouvoir les produits sains et limiter au maximum l’exposition aux publicités faisant l’apologie de produits qui ne répondent pas aux objectifs nutritionnels. Le public enfant doit être particulièrement protégé. Dans cet esprit, les recommandations incluent une série de suggestions en matière d’éducation.
Chacun doit pouvoir accéder à une information de qualité sur la nutrition. Pour cela, des campagnes publiques sont essentielles, mais il faudra aussi inclure l’alimentation et la nutrition dans les programmes d’enseignement primaire et secondaire, former chaque professionnel de santé et fixer des objectifs nutritionnels nationaux (suppression des graisses trans, réduction du sel et des graisses saturées, mise en place de portions plus saines). Ces objectifs devraient d’ailleurs être inclus dans les institutions publiques, particulièrement scolaires et périscolaires. Des efforts ardus mais nécessaires, aux yeux d’Amanda Long : « Nous exhortons les gouvernements à sérieusement prendre en considération nos recommandations. S’ils ne le font pas, nous nous exposons à des décennies d’obstruction de l’industrie, et à la répétition de la catastrophe sanitaire mondiale qu’a causé le tabagisme », conclut-elle.