Le pharmacien et l’eCigarette
8 mars 2014 2014-03-08 16:19Le pharmacien et l’eCigarette
L’eCigarette est un phénomène de société. Il serait aberrant de penser que les motivations des vapoteurs sont univoques ou moutonniers. Aucun acteur de soin n’aurait pu installer un tel phénomène. Il semble à l’évidence que l’eCigarette a certainement une vocation à libérer ses consommateurs du politiquement souvent trop correct de l’éducation à la santé. Aujourd’hui le sentiment qu’il faut bien suivre les préceptes de la santé pour être un bon citoyen est de plus en plus souvent rejeté. Ce sentiment d’être pris en faute lorsque l’on agit en rapport à ce qui peut être une représentation de sa liberté est mal vécu.
Avec l’eCigarette, la liberté de choisir un autre moyen moins nocif de continuer ou d’arrêter de fumer est en marche. Nous sommes face à un mouvement social dont le slogan serait : “la santé si je veux et comme je le veux”.
Alors ne vendre les eCigarettes que dans les pharmacies mérite réflexion. Les vapoteurs pourraient vivre cela comme une ré institutionnalisation et une perte de liberté. Par contre que la vente des eCigarettes soit interdite en pharmacie prive certaines personnes qui souhaitent arrêter de fumer d’une voie d’entrée. Ces derniers ayant choisi ce chemin car il est pour eux plus rassurant. Il est aussi évident que les produits doivent tendre vers la sécurité et la qualité. En somme, la pharmacie serait pour l’eCigarette une autre voie à vertu plus “médical” et conseil santé, pour des personnes qui souhaitent arrêter de fumer avec l’eCigarette, mais qui attendent plus de sécurité et de conseil santé pour commencer. Pourquoi ne pas leur en donner l’opportunité ? On appelle ça en marketing la segmentation.
Les cigarettiers et les buralistes sont bien évidemment sur la piste d’un renouveau de leur activité. Les grands groupes pourraient se refaire une virginité. Ils en ont certainement les moyens financiers et la puissance de lobbying, mais pourquoi faire … Certainement pas pour faciliter l’arrêt de la consommation. L’histoire a montré même leur capacité à rechercher des moyens pour rendre les consommateurs plus addict à la cigarette. C’est tout de même un peu comme si on laissait les allumettes au pyromane ? Quelle est la volonté des pouvoirs publics: favoriser des intérêts catégoriels ou avoir une politique de réduction de la consommation de tabac et de son risque majeur pour la santé publique ?
Le pharmacien a un rôle important dans l’arrêt de la consommation tabagique. Il peut sensibiliser, alerter, conseiller, et établir un suivi efficace de l’arrêt du tabac, si tant est qu’il veuille assumer ce rôle et s’y investir. Les pharmacies de ville sont au contact de plusieurs millions de clients par jour et l’équipe officinale peut être former et améliorer son accueil de clients qui cherche une solution sûre pour diminuer voire arrêter de fumer. Il est tout de même étonnant que le principal garant de la qualité et de la sureté de la délivrance des médicaments et des produits de santé soit exclu d’un phénomène de société que d’aucun considère comme une avancée dans la lutte contre le tabagisme.