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Alcool: la publicité ne cherche pas à faire boire (grands alcooliers dixit)

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Journalisme et Santé Publique

Alcool: la publicité ne cherche pas à faire boire (grands alcooliers dixit)

la-biereOn parle volontiers de l’alcool et de ses méfaits. Peut-on en parler avec les grands alcooliers ? C’est la question bien difficile  aujourd’hui soulevée par l’association Entreprise & Prévention.
Résumons. Cette association réunit vingt-trois entreprises du secteur des boissons alcoolisées. Ces alcooliers industriels nous confient qu’ils ont adressé un courrier à Mme Danièle Jourdain-Menninger, présidente de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Toxicomanies (Mildt). Dans ce courrier ils expriment une volonté : participer au groupe de travail destiné à réfléchir sur « les conditions de la promotion de leurs marques ».
Eclairer
Nous sommes là dans le prochain plan quinquennal de la Mildt. Plan qualifié de multidisciplinaire lorsqu’il fut rendu public en septembre dernier. « Il semble primordial que ce type d’instance associe des professionnels pour éclairer les réflexions des décideurs de santé publique » soulignent les grands alcooliers.
Alexis Capitant, directeur général de l’association : « Il nous paraît important d’être entendu dans le cadre de ces réflexions car beaucoup d’idées fausses  persistent dans ce domaine » Des idées fausses ? Sans doute faudra-t-il attendre pour rétablir la vérité dans le monde des idées alcoolisées.
Dissocier
Alexis Capitant : « Une des premières précautions serait d’ailleurs de dissocier la réflexion selon qu’il s’agit de boissons  alcoolisées ou de tabac, car les enjeux et les objectifs de santé publique sont tout à fait différents ». Penser dissocié ? Tous les psychiatres vous diront que ce n’est pas sans danger.
Alexis Capitant : « En matière de publicité et de promotion des boissons alcoolisées, la France dispose d’un encadrement législatif réglementaire parmi les plus stricts d’Europe. Entreprise & Prévention a été aussi à l’origine d’un Code d’autodiscipline et de déontologie en matière de communication et de commercialisation des boissons alcoolisées qui a été signé par la plupart des organisations professionnelles représentant les annonceurs, les agences de communication et les médias. »
Prohiber
Alexis Capitant : « Dans ce cadre, les marques s’interdisent elles-mêmes un certain nombre de pratiques même si celles-ci ne  sont pas prohibées (par exemple l’affichage dans les enceintes sportives françaises ou, dans les médias et notamment Internet, la possibilité de communiquer sur tout site ou support fréquenté par moins de 70% de majeurs). »
Alexis Capitant : « L’association a aussi édité en 2011 un guide permettant de comprendre le sens du marketing des  boissons alcoolisées, montrant notamment que l’action des grandes marques s’inscrivait dans une consommation de qualité, de convivialité et de goût et non de quantité. »
Grossier
Les grands alcooliers aimeraient faire comprendre aux experts de la santé publique qu’ils commettent très fréquemment une erreur assez grossière : penser que la publicité vise à augmenter quantitativement la consommation.  C’est faux : les données de marché montrent que la consommation  ne cesse de baisser pendant que les principales marques progressent en valeur.
On peut le dire autrement : les achats de boissons alcoolisées des  Français sont en baisse continue mais que le budget moyen annuel qui y est consacré a  sensiblement augmenté ces dernières années. Les Français sont devenus très majoritairement des  consommateurs occasionnels de produits de qualité : la moitié d’entre eux consomment moins d’une  fois par semaine. Hors domicile, ils sont minoritaires (45 %) à consommer des boissons alcoolisées,  pour l’essentiel au moment des repas.
Ouvrir
C’est là un phénomène à authentifier, à décrypter. Peut-être même faudra-t-il, qui sait, l’encourager ? En toute hypothèse il serait bien regrettable que Mme Danièle Jourdain-Menninger maintienne fermées les portes de la Mildt aux grands alcooliers. Nous en reparlerons
 
1 Fondée en 1990, Entreprise & Prévention regroupe vingt-quatre entreprises du secteur des boissons alcoolisées en France. Neuf entreprises sont adhérentes en France Métropolitaine : Bacardi-Martini, Brasseries Kronenbourg, Brown Forman, Heineken Entreprise, Société des Produits Marnier Lapostolle, Moët Hennessy Diageo, Pernod Ricard, Rémy Cointreau,  William Grant & Sons.
Neuf entreprises  au sein d’Entreprise & Prévention Réunion : Brasseries de Bourbon, Diageo Réunion, Isautier, Mascarin, Rhums Réunion, Rennie & Thony, Sogim, Sorebra, Distillerie Chatel.
Six entreprises au sein d’Entreprise & Prévention Nouvelle-CalédonieCocogé, Grande Brasserie de Nouvelle-Calédonie, Nouméa Gros, Rabot, Société Le Froid, Sullivan.