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Neknominations : de quelles alcoolisations êtes-vous le nom ?

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Journalisme et Santé Publique

Neknominations : de quelles alcoolisations êtes-vous le nom ?

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Papier fort instructif sur le site Slate.fr (signé Quentin Ruaux et Camille Belsoeur). Il concerne la dernière incitation à boire cul-sec via la Toile. On peut le lire ici. Les experts de SOS Addictions avaient été mis au parfum il y a peu via une coupure synthétique occitane.
Terriblement viral
« Venues du Royaume-Uni, mais surtout d’Australie, les «neknominations» rencontrent un succès croissant en France, nous expliquent les deux auteurs de Slate.fr. Ce terme barbare, tiré de l’anglais neck your drink (l’équivalent de « faire cul-sec»), correspond à une vidéo postée sur le réseau social par un internaute qui boit un verre d’alcool cul-sec et «nomine» plusieurs de ses amis Facebook. A leur tour, ces derniers doivent poster une vidéo et citer plusieurs noms… Et le phénomène est extrêmement viral. A titre d’exemple, la page Facebook «Neknomination France» créée le 10 février, comptait 1.544 « likes » le 11 février à 21h 59. Le lendemain à la même heure, son chiffre avait quasiment été multiplié par dix. »
La dimension virale et transfrontières fera peut-être découvrir de nouveaux horizons linguistiques. Comme « faire un à-fond en Belgique (francophone) Ex : « Afonne ta bière ! » Plus généralement on observera que le mode utilisé est celui de l’interjection : « Allez, hop, cul sec ! ». L’objectif, peut-être faut-il le rappeler est ici d’assécher la partie inférieure du contenant. C’est aussi et surtout, on le sait, un prétexte à l’alcoolisation.
Tapages
« Extrêmement viral » ? Une alcoolisation viralement contagieuse en somme. Mais aussi potentiellement mortelle comme toutes les alcoolisations réflexes et massives. Les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets les médias britanniques se sont emparés du phénomène à coup de gros titres tapageurs des morts prématurées tenues pour être la consécration de quelques « neknominations » : quatre cas au Royaume-Uni et en Irlande.
Slate.fr : Des amis d’Isaac Richardson, un Britannique de 29 ans décédé dimanche après avoir absorbé un «mélange létal de vin, bière, vodka et whisky» ont ainsi affirmé à la police qu’il avait posté une « neknomination » le jour même. Le 8 février, Nikki Hunter, une mère de famille, a aussi choqué l’opinion en rendant publique une photo de son fils, retrouvé inconscient dans ses vomissures après avoir été «nominé» et avoir avalé un cocktail d’alcools forts.
Tsunamis de viols
Il n’en a pas fallu plus pour que des responsables politiques (britanniques et irlandais) mettent en garde publiquement contre les risques de cette nouvelle pratique. Devant ces décès, le président de la haute cour irlandaise, Paul Cartney, vient d’affirmer que ces «concours de jeu d’alcool sur Internet» pourraient mener à «un tsunami de viols et homicides». Où l’on retrouve nos fumeuses de joints non protégées (mémoire blog).
Contagion alcoolique et contagion à fort tropisme médiatique : «Un dangereux jeu alcoolisé se répand sur Facebook», pouvait-on lire en une du site Ouest-France mardi 11 février. «#Neknomination, le nouveau jeu dangereux sur Facebook» titre  lepoint.fr.
Fausse route
Commentaire de Slate.fr : Dans l’analyse de ce phénomène, la majorité des politiques britanniques (et peut-être bientôt français) font pourtant fausse route. Les « neknominations » ne sont pas dangereuses en soi. A l’origine, la pratique est plutôt festive et ne consiste pas à enfiler le plus de litres d’alcool possible dans son gosier. Sur le site d’information Irish Examiner, un journaliste qui a assisté à la montée du phénomène sur sa page Facebook écrit : «Descendre une pinte de bière n’a jamais tué personne, mais comme dans toutes soirées, certaines personnes vont plus loin et se mettent en danger.»
Cul-sec 2.0
On attend avec intérêt la lecture due feront de ce phénomène les médecins et les sociologues de l’alcoologie. Où situer la « neck » sur la cartographie des imprégnations massives et ultra-rapides ? Est-ce là un sous-ensemble du binge drinking ? Quels rapports avec les « apéros géants » qui semblent avoir vécu ? Les plus jeunes d’entrent nous soutiennent qu’une « neknomination » n’est finalement qu’un « jeu d’alcool » traditionnel (cafés-bars, « soirées », « cinquièmes mi-temps » etc.) – mais  transposé sur Facebook..
Le comptoir qui voyait se succéder les  concours de pintes et de jaunes «neck your drink » a installé ses tréteaux sur le célèbre réseau.  Il suffit de s’écarter un peu. Et de faire de la place à « neck your drink  2.0 ». Sera-ce le point de vue de SOS Addictions ?