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Sucre à l’école : les racines du scandale

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Journalisme et Santé Publique

Sucre à l’école : les racines du scandale

distributeur-automatique-de-friandisesEspoir. Le Dr Dominique Dupagne est indigné. Il le dit dans un récent billet. Un billet où il ne craint pas de relativiser la portée de l’affaire du Mediator. Il fait ainsi courir un peu plus vite à travers les champs médiatiques le lièvre levé par http://www.lanutrition.fr. Un bien méchant lièvre qui dénonce un scandale de grande ampleur.
Un seul lièvre et de nombreux chasseurs. Car ce scandale n’est pas étranger à ceux, récurrents, des « coupe-faim » et de l’épidémie de la présence de sucre dans les urines de nos contemporains. Un scandale qui intéressera bientôt les spécialistes de SOS Addiction. Un scandale doucereux, caché : le scandale de la dictature sucrée.
C’est une affaire passionnante et multiforme. Pour l’heure le Dr Dominique Dupagne l’attaque par sa face scolaire, la plus pernicieuse mais aussi la plus révoltante. Des épousailles d’un drôle de genre et contre nature: celles de Big Sugar avec Education nationale.
Elections municipales
Où l’on découvre incidemment qu’avec l’aval de Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale, les sucriers se sont invités dans notre école laïque, républicaine et sacralisée. Une victoire en rase campagne puisque cette même école se refuse à traiter de l’éducation à l’alimentation laissant cette affaire essentielle à la responsabilité des municipalités. Ce qui explique notamment l’enfer des cantines scolaires.
Dominique Dupagne reproduit le ban officiel signés le 29 octobre 2013 par le directeur général de l’enseignement scolaire Jean-Paul Delahaye et par Bruno Hot le président du Centre d’études et de documentation du sucre (CEDUS).
Mission d’enquête parlementaire
« Face à un des principaux responsables de l’obésité et des fléaux sanitaires qui l’accompagnent (et je ne parle pas des caries…), l’Education Nationale a choisi l’alliance avec l’industrie, plutôt que la protection des jeunes cerveaux déjà cernés par le marketing sucrier » écrit Dominique Dupagne. Il ajoute : « A ce stade, il ne s’agit plus de critiquer cet accord ou de demander son retrait, mais d’exiger une mission d’enquête parlementaire pour comprendre comment le Ministère a pu être infiltré et manipulé au point d’aboutir à cette aberration. »
Mission d’enquête parlementaire ? Ce n’est pas gagné d’avance (les parlementaires réfléchissent actuellement à la taxation des boissons sucrées). On en apprendrait de belles. Comme celle qui suit.
Filière betterave-canne-sucre
Il faut ici lire le dernier numéro (n° 32, janvier 2014) de Grain de Sucre (sic). Il s’agit ici du magazine glacé des partenaires du Centre d’études er de Documentation du Sucre (CEDUS, 23 avenue d’Iéna, 75116 Paris. www.lesucre.com). Page 9 on rapporte le partenariat officialisé entre le CEDUS et l’Education nationale. Accord-cadre durée de cinq ans. Prolonge un « partenariat de longue date » entre le monde de l’enseignement (général et professionnel) et les acteurs de « la filière française betterave-canne-sucre » créée en 1932.
Est prévu notamment « le développement d’activités nutritionnelles, d’éducation au goût et à la consommation (sic) « par exemple dans le cadre de La Semaine du Goût dont le CEDUS est le partenaire fondateur ».
Jean-Luc Petitrenaud
« Partenaire fondateur » ? Page 16 on peut lire : « Les racines de la Semaine du Goût. Les Leçons du Goût ont été crées en 1990 à l’initiative de la Collective du sucre et de Jean-Luc Petitrenaud (1) ». Suit un brouet novlangue sur le caractère ludo-éducatif de cette approche de l’alimentation, à l’élargissement d’un concept, à une sensibilisation des consommateurs, à la création de liens avec les professionnels…
« Ainsi est née la Semaine du Goût qui s’est imposée en quelques années comme un évènement national de premier plan, et dont les Leçons du Goût restent une valeur emblématique » (sic). C’est la Collective du sucre qui participe aujourd’hui à cet évènement annuel (la 24ème édition date du 14-20 octobre 2013). Une Collective qui « sollicite des spécialistes du goût (chef, bloggeurs …) pour éditer une brochure présentant des astuces culinaires autour du sucre ». A télécharger sur Lesucre.com (visite conseillée notamment au chapitre santé à propos de la controverse sucrée). On peut aussi s’inscrire à « l’espace presse ».
« Classes » du goût versus « Semaine »
Initiative sucrée et commerciale la « Semaine su Goût » est un rapt commercial doublé d’une trahison idéologique et pédagogique. Une affaire rarement racontée. Tout a commencé dans les années 1970 avec Jacques Puisais. Célèbre dans différents milieux professionnels et intellectuels l’homme ne l’est pas du grand public. C’est sans doute heureux. Il est le créateur-fondateur des « classes du goût » – initiative développée dans le cadre associatif de l’Institut du Goût. Des « classes » étalées dans le temps, laïques, citoyennes, pédagogiques, libératrices. Soit précisément aux antipodes de la Semaine du Goût. Des « classes du goût qui existent toujours au sein de municipalités éclairées mais qui sont comme étouffées par la puissance de la dictature canne-betterave.
François Rabelais
Jacques Puisais, 86 ans, vit heureux à Chinon, au bord de la Vienne et à côté de François Rabelais. Il poursuit ses aventures pédagogiques à travers le monde, est une gloire vivante au Japon. Il a gardé la mémoire de quelques trahisons mais se refuse aux dénonciations-scandales.
« A la fin des années 1980 je n’ai pas pu m’opposer à la volonté de la Générale du sucre de lancer son opération Semaine du goût, nous a-t-il expliqué. Il ne s’agissait plus alors d’enseigner, de transmettre, de traduire des émotions gustatives mais simplement de montrer. De se montrer. C’était au temps du Centre national des arts culinaires et de Jack Lang. C’était contre nature. »
Agro-alimentaire
L’homme explique encore que le sucre est monolithique, sans origine et omniprésent. Que le sucre est une dictature. Qu’il n’y a plus de gloire à faire du sucre. Que le sucre est devenu un produit transformé, invisible raffiné et collant. Qu’il est le symbole parfait de la machinerie agro-alimentaire aliénante d’aujourd’hui. Il explique aussi qu’il n’y a là aucune fatalité. A condition de ne pas se laisser voler l’éducation au goût de nos enfants.
(1) Jean-Luc Petitrenaud , 63 ans est un animateur français de radio et de télévision atypique. Il a présenté et présente de très nombreuses émissions gastronomiques et culinaires. Beaucoup le connaissent. Peu savent qu’il n’a pas toujours exercé cette activité. Après un diplôme d’éducateur spécialisé, il s’est d’abord intéressé au monde du théâtre, a intégré une troupe professionnelle et joué des divers rôles dont Sganarelle.
Tout en continuant son métier d’éducateur dans un centre d’enfants inadaptés il suit des cours à l’École du cirque d’Annie Fratellini et Pierre Étaix et devient Clown Mime Luc. Au début des années 1980 il anime diverses émissions sur l’antenne régionale de Radio Puy-de-Dôme, future France Bleu Pays d’Auvergne – Auvergne dont il est originaire.
C’est alors qu’il commence à faire des chroniques gastronomiques. Il n’a, depuis, pas cessé.

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