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Lorsque l’officine côtoie l’addiction

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Lorsque l’officine côtoie l’addiction

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Le pharmacien de ville a bien évidemment un rôle dans la dispensation des médicaments de substitution aux opiacés que sont la buprénorphine haut dosage et la méthadone. Ce travail est souvent complexe et difficile et demande à la fois du doigté, mais aussi l’établissement de règles au bénéfice de patients fragiles et souvent désocialisés.
Pour autant, doit-on s’imaginer que cette seule situation résume l’activité du pharmacien vis-à-vis de l’addiction ? Ce serait trop vite mettre de coté toutes les autres actions de prévention, de détection ou de repérage et de prise en charge des personnes addictes à la pharmacie.
Le pharmacien acteur dans la réduction des risques liés à l’usage de drogues.
Dès 1987, le pharmacien de ville démontre son importance dans un des premiers actes fondateurs d’une politique de réduction des risques comme dispensateur sans prescription des seringues (décret Barzach, seringues en officine) et la mise à disposition des Stéribox® (seringues et kits d’injection). La possibilité d’obtenir sans condition un matériel d’injection sécurisé dans un lieu de santé comme l’officine a démontré son efficacité pour réduire la transmission du VIH et du virus de l’hépatite par échange de matériel d’injection.
Le pharmacien est devenu un acteur essentiel de la dispensation encadré des traitements de substitution aux opiacés (TSO), en facilitant un accès moins stigmatisant et potentiellement resocialisant à la méthadone et à la buprénorphine à haut dosage.
Le pharmacien acteur de prévention
Le pharmacien est historiquement le gardien des poisons. Il doit aussi favoriser le bon usage des médicaments. C’est ainsi qu’il est naturellement et déontologiquement enclin à informer son patient des risques de mésusages de médicaments connus pour être à risque de dépendance, en autres les opiacés dits faibles comme la codéine ou ses dérivés ou analogues, les anxiolytiques ou les hypnotiques…
Pour autant, se limiter à ces exemples bien évidemment légitimes serait bien trop restrictif et laisserait à penser que l’abus de traitement antalgique comme le paracétamol ou l’ibuprofène ou de doxylamine pour l’insomnie ou de laxatif ou de tous autres traitements symptomatiques serait exempt de tout risque. Il est évident que des messages de prévention d’une surutilisation sont du rôle du pharmacien et que de rappeler que : —dose efficace ne veut pas dire automatiquement dose maximale —, posologie plus forte et répétée n’est pas le meilleur moyen de soigner une pathologie et — disparition des symptômes ne rime pas avec disparition de la maladie— n’est ni vain ni inutile.
Le pharmacien acteur de détection
Le repérage d’une surconsommation médicamenteuse est un événement des plus banals à l’officine, car elle a des caractéristiques relativement faciles à déterminer. Alors qu’il est délicat de détecter une addiction à l’alcool, il est facile d’aborder le tabagisme actif avec un client dépendant et assez fréquent de devoir s’interroger sur la prise régulière de laxatif par une jeune fille déjà particulièrement mince.
Il est évident que la pharmacie ne peut pas être le lieu de détection d’addiction comportementale, mais elle peut l’être pour des autorisations et des orientations efficaces vers une prise en charge médicalisée à la demande de personnes inquiètes ou préoccupées de leur santé ou de celle d’un proche.
Le pharmacien acteur de la prise en charge et du suivi
Bien évidemment, la pharmacie de ville peut favoriser par exemple le sevrage tabagique en mettant à disposition des substituts à la nicotine (patch, gomme, etc.), mais là encore cette réalité factuelle ne doit pas cacher l’intervention du pharmacien dans le suivi de ces thérapeutiques de premier recours, qui lorsqu’elles échouent, doivent permettre une orientation vers une prise en charge médicalisée.
Le suivi pharmaceutique ne doit pas pour autant se cantonner à une vérification rigoureuse du bon usage des médicaments. Il doit s’enrichir d’une estimation de la mise en œuvre des mesures hygiéno-diététiques, des actions socialisantes, de l’évolution des comportements et plus particulièrement des signes de rechute… et cela, quelle que soit l’addiction en cause.
Le pharmacien en tant qu’acteur de soin devient donc un acteur de ce qui devrait être l’accompagnement personnalisé du patient addicte. Sa position dans le parcours de soin est exceptionnelle à ce titre de par sa proximité et sa disponibilité.
Il apparaît qu’une écoute à un moment favorable d’une personne instruite des risques d’inobservance ou de rechute peut être capitale dans le suivi et la prise en charge thérapeutique de patient fragile, toujours à la limite d’être perdue de vue par le milieu médical.
La pharmacie est très certainement une des portes d’entrée les plus faciles et efficaces de l’intégration d’un patient dans un parcours de soin efficace et coordonné. Elle est aussi un lieu d’information, de conseil et d’orientation. Pour les patients addictes, elle devrait être le lieu d’une écoute sans jugement ni obligation et d’un suivi thérapeutique cumulant information, détection et éducation.

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